A quoi joue Jospin ?
Jospin a réussi à polluer l'impact médiatique de la rentrée parlementaire des députés PS. C'est la seule chose que je retiendrai de la journée de lundi.
La publication le jour même par Libération d'extraits du livre "L'Impasse" (à paraître le 24), dans lequel l'ancien Premier ministre socialiste juge que la candidate PS était une "illusion" et la "moins capable de gagner", a semé le trouble dans les rangs du PS, occultant les débats organisés sur la croissance, les institutions ou encore la mondialisation.
De Québec où elle entamait un voyage, Mme Royal a répondu en citant la Bible: "Pardonnez-leur parce qu'ils ne savent pas ce qu'ils font. Donc, je pardonne à tous ceux qui m'agressent parce que d'abord je pense qu'ils me font moins de mal à moi qu'aux socialistes, qu'à toute la gauche". Et pour faire bonne mesure, elle décèle dans ces attaques des relents de "sexisme". Je ne pense pas qu'il y ait de sexisme là- dedans. j'y vois plutôt de l'amertume. Elle est souvent mauvaise conseillère et en tout cas guère constructive.
A Paris, députés, sénateurs et eurodéputés PS ont appelé à parler des "questions de fond" et à ne pas s'attarder sur les "querelles de personnes". Mais l'ombre du candidat défait le 21 avril 2002 a plané sur leur réunion. Quel rôle Jospin peut il jouer? Ce genre de sortie ne peut à mon sens que regonfler les partisans de Ségolène, tant elel est exaspérante. Déja en septembre 2006, la peur de son retour avait déclenché une vague de soutien à Ségolène Royal de la part de nombreux premiers secrétaires fédéraux.
J'avais été extrêmement critique envers Marie Noêlle Lienemann qui en 2002 avait sorti un brulôt contre Jospin qui ne s'imposait pas mais j'étais loin de m'imaginer qu'il se commettrait à ce genre de démarche lui aussi. Très objectivement, avec la campagne qu'il a mené en 2002, il pourrait au moins la jouer plus modeste.
"La rénovation du parti, ce ne sont pas seulement des règlements de compte entre amis, des amertumes qu'on ressasse!", a déclaré à la tribune, mécontent, le patron des députés PS, Jean-Marc Ayrault.
"Si tous les mois, on remet un euro dans la machine, on ne va pas s'en sortir. Ce n'est pas Ségolène Royal seule qui explique qu'on ait perdu", a confié Benoît Hamon, secrétaire national du PS.
Déjà échaudés par les réquisitoires d'autres responsables socialistes, les pro-Royal n'ont pas manqué de contre-attaquer, sa dauphine, la députée Delphine Batho, dénonçant "l'aigreur" qui a "guidé la plume" de Lionel Jospin.
"Peut-être que ça éclaire aussi les Français sur les difficultés qu'a eues la candidate pendant la campagne...", a-t-elle ajouté.
"Tout ce que Jospin a pu dire se résume malheureusement en un seul mot: l'aigritude", a renchéri Gaëtan Gorce, en clin d'oeil à la désormais célèbre "bravitude" de Mme Royal.
"On ne peut pas rester à cette explication: 2002, c'est la faute des autres et 2007, c'est la faute de la candidate", a estimé un autre royaliste, Jean-Jack Queyranne.
Proche de Dominique Strauss-Kahn, ancien rival de Mme Royal, Jean-Marie Le Guen a lui aussi regretté des propos "exagérés" et "totalement inopportuns" de la part de M. Jospin.
En tout cas cela fait désordre et certains militants sont complètement écoeurés.