En direct de La Rochelle : les conseils de Rocard
Une table-ronde sur le thème "Où en est la gauche" s'est tenue avec Bertrand Delanoë, Julien Dray et Arnaud Montebourg. Mais Paradoxalement c'est Michel Rocard qui a tenu la vedette. Je n'ai pas pu y assister puisque j'étais à la réunion des premiers secrétaires fédéraux dont je ne peux vous livrer la teneur. Mais elle a été studieuse et fort longue, de 9h45 à 13 heures et s'est terminée par une intervention de François Hollande. J'ai donc rejoint tardivement la salle et me suis fait raconter le contenu par des militants.
Comme on pouvait s'y attendre, Michel a été sifflé au début de son intervention. Marylise Lebranchu, modératrice du débat, a pris la défense de Michel Rocard. "Ceux qui ont accepté d'entrer au gouvernement ne sont pas socialistes ou ne sont plus socialistes. Mais je fais une différence importante avec la participation à des groupes de travail".
Michel Rocard, qui se désolait d'un parti "où l'on a arrêté de penser depuis quinze ans" à son arrivée à La Rochelle vendredi, s'est félicité samedi de la teneur des débats. "C'est un beau succès ,Il faut une seconde étape il faut que nous passions à la capacité d'écrire un projet, un objet présentable à l'opinion".
Michel Rocard ne s'est pas déclaré pessimiste sur le fait d'y arriver en un an, un an et demi, à condition que le monde journalistique nous fiche la paix sur les problèmes de personnes pendant ce temps. C'est une condition majeure. Michel a accusé les médias de ne s'intéresser qu'aux questions de personnes, et jamais de substance. C'est un danger majeur pour un parti comme le nôtre qui a besoin de sérénité pour approfondir ce travail de création intellectuelle.
Michel Rocard, égal à lui-même, nous a demandé de passer d'une politique de la posture à une politique de résultat en indiquant qu'il fallait se débarrasser des trois questions qui empêchent sa modernisation: sa proximité supposée avec le Parti communiste, l'étatisme - le PS a "trop laissé tomber les problèmes de la production et de l'entreprise" - et le syndrome de la demande.
Il a conclu en validant indirectement ce qu'avait dit Ségolène Royal après la campagne électorale en disant que le temps était dépassé où "pour être de gauche il fallait exiger une revalorisation du smic de 15%" alors qu'il aurait mieux valu maîtriser l'inflation.
Il a fait du Rocard, tout simplement, pour le bonheur d'une partie des militants et d'une salle de moins en moins hostile au fil de son intervention.