Et si la mondialisation se retournait contre l'argent?
"Je n'arrive pas à comprendre comment un problème né aux Etats-Unis a pu se répandre sur toute la planète, et jusqu'en Asie", se lamentait un investisseur japonais hier.
La multiplication des défauts de paiement sur le marché du crédit hypothécaire à risque ("subprime") aux Etats-Unis ces derniers mois en raison de la baisse des prix de l'immobilier a déstabilisé nombre d'organismes de crédit dont les difficultés se répercutent à bien des niveaux. Malgré les milliards de dollards et d'euros injectés par les banque centrale depuis maintenant plus d'une semaine, rien n'y fait, les risques d'assèchement du crédit, moteur de la croissance mondiale sont réels.
Curieusement en France, pour l'instant, on en parle peu, mais la crise financière qui est en train de se développer à partir des États-Unis, prend une ampleur que peu d'observateurs jugeaient encore possible il y a quelques jours. Pourtant, en France, il pourrait y avoir des dégâts. En effet les classes moyennes, ont pris l'habitude de boursicoter, et ont permis aux marchés de prospérer ces dernières années et d'atteindre des maximums historiques. sauf qu'elles sont autrement plus vulnérable que les fonds de pension qui peuvent se permettre d'attendre en espérant une correction du marché. Les petits porteurs vont être tenté de vendre si cela continue. Il est impératif que la crise trouve une issue avant la rentrée parce que les traditionnelles vacances d'août protègent le CAC40 de grands mouvements collectifs. Mais dans le cas contraire, le début septembre pourrait s'avèrer assez noir en Europe.
Les Bourses mondiales ont jeudi véritablement dévissé avec de lourdes pertes en Asie comme en Europe. En effet, les gros investisseurs touchés par la crise des prêts hypothécaires à risques aux Etats-Unis ("subprimes") se sont mis à vendre massivement pour se renflouer. Exactement le scénario que personne ne voulait envisager
Aujourd'hui, la Bourse de Londres perdait 2,67% , tout comme celle de Paris qui a atteint son son plus bas niveau de l'année.
A Francfort, le Dax était en recul de 2,38% Dans le reste de l'Europe, le décrochage était le même: -3,21% à Stockholm, -2,80% pour le SMI à la Bourse suisse qui a atteint son plus bas niveau de l'année, -2,62% à Amsterdam, -2,40% à Bruxelles, -2,30% à Madrid et -2,06% l'indice à Milan...
L'Asie a connu une journée noire.
A Tokyo, deuxième place financière mondiale, l'indice Nikkei des principales valeurs a terminé en forte baisse de 1,99%, son plus bas niveau depuis fin novembre, après avoir déjà dégringolé de 2,19% la veille.
Hong Kong a plongé de 3,3%, passant sous la barre des 21.000 point. A Séoul, l'indice a dégringolé de 6,93% en clôture, le recul le plus brutal de son histoire. Comme ailleurs, les banques et les maisons de courtage y ont été les titres les plus malmenés.
A Sydney, le groupe de prêts immobiliers australien RAMS a reconnu qu'il était incapable de se refinancer 5 milliards de dollars de dettes à la suite du resserrement du crédit aux Etats-Unis.
La Bourse de Sydney a accueilli la nouvelle par un plongeon de 5% en cours de séance. La panique s'est emparée de Manille, où l'indice composite s'est écroulé de 6,01% en clôture. Jakarta a fermé en repli de 5,9%, Taïpei de 4,56%, Bombay de 4,28%, Singapour de 3,70%, Kuala Lumpur de 3,50% et Bangkok de 3,00%.
Même si la plupart des banques d'Asie sont jugées relativement peu exposées aux mauvaises créances américaines, certains fonds d'investissements impuissants à recouvrer des prêts "subprime" cherchent à compenser leurs pertes en vendant à tour de bras des actions en Bourse.
cela entraîne également des désordres monétaires. Sur le marché des changes, le yen continuait à se renforcer face au dollar, les investisseurs japonais rapatriant massivement leurs avoirs placés à l'étranger pour se mettre à l'abri du risque. La Banque du Japon (BoJ) a injecté jeudi 400 milliards de yens (2,5 milliards d'euros) dans le marché monétaire.
Cette injection de fonds --la première depuis lundi-- a été décidée pour répondre à une hausse de la demande de liquidités de la part des banques, qui a entraîné une hausse du taux d'intérêt au jour le jour. Mais cette décision n'a eu aucun effet sur le marché tokyoïte.
Mercredi, la Réserve fédérale américaine (Fed) avait injecté 7 milliards de dollars sur les marchés financiers pour faire face à la contraction du crédit aux Etats-Unis, où les banques se méfient de plus en plus des emprunteurs. Cela n'a eu également aucun effet. A la Bourse de New York, l'indice Dow Jones avait cédé 1,29% mercredi, repassant sous le seuil des 13.000 points.
Devant une telle dérégulation, Nicolas Sarkozy, en vacances, n'a pas hésité à se "féliciter que les régulateurs de place et les autorités monétaires puissent ainsi coordonner leurs efforts" et s'est dit "convaincu que ces mouvements de marché ne sauraient affecter durablement la croissance de nos économies, qui est robuste". Il faut dire qu'en matière de croissance économique, il s'y connaît! Nous venons de faire péniblement 0,3% de croissance de notre PIB national au second trimestre. Nous serons très loin de l'objectif de croissance fixé par le gouvernement qui était de 2,5 % pour l'année 2007. Nos économistes tablent sur 1,8 au mieux. Évident que devant cette situation, on risque moins que d'autres!