le congrès d'investiture de Ségolène Royal
La Mutualité, 10 heures du matin, dimanche 26 novembre.
C'est par une cohue sans précédent que commence le congrès d'investiture de Ségolène. Il ne faut pas moins de 20 minutes pour obtenir son carton de délégué et pénétrer dans la salle de la Mutualité. Cette salle a une capacité d'accueil limitée, mais c'est une salle mythique pour la gauche. Je pense donc que c'était le bon choix.
L'effervescence qui règne à l'intérieur est impressionnante. Moi qui me souviens de l'investiture de Lionel Jospin pour 2002, je suis en mesure de comparer.
Le premier symbole était la présence à la présidence de ce congrès de Pierre Mauroy, premier Premier ministre de François Mitterrand en mai 1981, et de Barbara Romagnan, notre secrétaire nationale à la rénovation, il y avait dans ce choix, incontestablement le passage de flambeau de la génération Mitterand à Ségolène Royal et à la jeunesse.
Les premières interventions, celle de Patrick Bloche (le premier secrétaire de la fédération de Paris), et celle de Bertrand Delanoé ont été impeccables. Celle de Bertrand était très attendue. En effet il avait soutenu avec beaucoup d'énergie la candidature de Lionel Jospin. Mais c'est lui qui a donné le ton en disant à Ségolène qu'elle était la candidate de l'énergie, de l'idéal, de la volonté de vaincre de 100% des socialistes. Il a poursuivi en indiquant que pour nous les socialistes, militants de l'égalité homme femme, le choix de Ségolène, était un choix audacieux et courageux, n'hésitant pas à dire sous l'ovation des délégués, "ce qui était un parcours est devenu un destin".
Dire que cette désignation à un impact très au delà de notre pays est une réalité. Les interventions du président de l'Internationale socialiste le grec Papandreou, du représentant du président du PSE, la lecture des messages de soutien de Romano Prodi, de José Luis Zapatero, de Michelle Bachelet, en présence de deux députés chiliens dans la salle, démontrent que ce que vient de faire le Parti Socialiste français est suivi par les forces progressistes dans le monde entier.
En dehors de Lionel Jospin et de Martine Aubry, personne ne manquait au premier rang. L'heure du rassemblement a sonné. Nous avons même pour l'anecdote entendu les cloches de l'église voisine se mettre à carillonner. Quand on sait qu'il s'agit de l'église Saint Nicolas du Chardonnay, un des fiefs des catholiques intégristes, cela ne manque pas de saveur pour saluer l'investiture de celle qui, alors ministre, imposa la pilule du lendemain pour venir en aide aux adolescentes en danger de grossesse précoce.
Ségolène était radieuse, elle a su transmettre cette lumière à la salle. Et même au MJS avec lequel elle avait connu quelques déboires par le passé à La Rochelle et à Quimperlé. Tout cela semblait bien loin hier. Les dizaines de délégués du MJS rassemblés au balcon, agitant leurs drapeaux en scandant "Ségolène présidente". Je ne reviendrai pas sur ce quelle a dit mais son discours a été très bon, sans surprise par rapport aux thèmes développés pendant toute la campagne interne. Peut-être pourrons nous le poster sur le blog mais vous pouvez d'ores et déjà le visionner sur le blog de Désirs d'Avenir 06
François Hollande a été exceptionnel. Cela devient banal de le dire. mais cette fois il apparaît totalement libéré et il nous gratifié d'un discours très fort, prenant pour cible Sarkozy, maniant la dérision qui peut être une arme redoutable avec la dextérité qu'on lui connaît. Il a notamment ironisé sur les conditions dans lesquelles Nicolas Sarkozy allait annoncer sa candidature.
13h45; c'était la fin et une surprise de taille attendait les premiers secrétaires fédéraux. Alors que je m'apprêtais à aller déjeuner avec quelques membres de la délégation des AM, on m'avertissait que Ségolène, voulait voir au premier étage tout les premiers secrétaires fédéraux. Grande a été ma surprise, car en 2002, le candidat n'avait jamais réuni les premiers secrétaires fédéraux.
La réunion a duré une heure 30. Je peux vous confirmer qu'au sortir de cette réunion, bien plus encore qu'après le comité de campagne où je m'étais rendu merdi dernier, ma conviction est faite. La campagne qui s'annonce ne ressemblera à aucune autre campagne présidentielle. Je ne peux pas tout évoquer sur un site public, vous m'en excuserez je l'espère. Mais ce sera une campagne territorialisée, décentralisée, régionalisée, où la candidate sera très présente dans les questions organisationnelles avec une volonté constante d'être sur le terrain, à l'écoute de tout ce qui pourra remonter du terrain.
Les premiers secrétaires fédéraux seront réunis une fois par mois, soit encore une fois avant Noël. C'est une révolution qui s'opère dans le fonctionnement du parti. De même en ce qui concerne les comités de campagne, à dominante PS certes, mais devant être ouvert au PRG, aux comités Désirs d'Avenir, au MJS et au comité de soutien. Le temps où c'était les membres du Bureau Fédéral qui le composaient et exclusivement eux est révolu aussi.
Désormais, en avant pour faire de Ségolène Royal, la première femme Présidente de la République française.