Incarner l'espoir sans promettre la lune
Rendez vous prévu de longue date à la rue Veillon avec une quinzaine de personnes dans les locaux de l'association Femmes de PACA.
Il y a autour de moi des personnes en difficultés, sans emploi, sans logement, qui ont accepté de venir débattre avec un élu des propositions du PS, pour voir en quoi elles pourraient redonner espoir.
J'essaie d'être très clair. Il y a une grande phase d'écoute au départ, ce qui me permet de mieux comprendre le parcours de vie de ceux qui m'entourent. Des destinées souvent difficiles, deux parcours hors normes de personnes qui ont eu des hautes responsabilités et que la vie n'a pas épargné pour les plonger dans les pires difficultés matérielles. De quoi nous rappeler à tous l'humilité dont on doit faire preuve face à la vie.
Nous avons abordé beaucoup de questions sur le chômage, le pouvoir d'achat, les retraites, le logement, l'éducation, l'insécurité. J'ai été frappé pendant le temps passé dans ce local par le degré d'écoute de l'assistance qui a envie d'entendre des choses mais n'a pas non plus envie qu'on lui mente.
C'est toujours un exercice délicat en démocratie directe d'aller au devant de personnes dont les attentes sont immenses parce que rien ne va pour eux. Bien sûr on me dit que le relèvement du SMIC de 100 euros tout de suite c'est pas suffisant. Et que répondre à cette urgence sociale. Prendre le temps d'expliquer que c'est le maximum que l'on pourra faire dans l'immédiat, que déja même là-dessus certains souhaitent que l'on fasse moins de suite (DSK), mais qu'ils ont aussi leurs raisons, leurs analyses sur l'appareil productif national. Le débat est serré mais très respectueux.
Il faut dire que quand j'ai un auditoire composé de ce type de public, mon passé professionnel à la DDASS, me donne une vraie longueur d'avance sur beaucoup de responsables politiques, car je suis mieux à même de cerner la souffrance sociale. Certains en parlent, moi je l'ai cotoyé pendant 15 ans.
Dans ce groupe une femme me harcèle de questions précises cherchant visiblement à me prendre en défaut. Sur les questions de l'éducation et de la sécurité, je développe longuement les argumentations et je me rends compte que franchement le discours de Ségolène porte. Les gens, quasiment tous de gauche, sont très sensibles au caractère concret des réponses. Pour qu'il n'y ait pas de jaloux, si j'avais été devant un parterre de chefs d'entreprises, j'aurais été chercher, à propos de la B.C.E, par exemple, mes arguments chez DSK.
Les questions sur le logement occupent aussi une grande part de cette réunion, et j'explique notre proposition phare, la création d'un bouclier logement. Celle-là est dans le projet, donc commune à nos trois candidats.
Puis vient la question de retraites, des petits retraités. Et j'explique quelle est ma vision de cette question, un peu originale j'admets mais je considère que sur ce dossier nous avons manqué de courage politique. Nous l'avons laissé à la droite qui l'a règlé de la façon la plus odieuse mais les syndicats ont aussi une part de responsabilité. On a essayé de pas toucher au montant des cotisations, de pas trop toucher à la durée de cotisations alors que ce sont les variables d'ajustements parce que personne ne veut se mettre dans les difficultés politiques du court terme et en conséquence, parce que ça se voit moins sur le moment et le court terme on a baissé le niveau des pensions. Résultat nous fabriquons chaque année de nouveaux retraités pauvres.
Et là, la personne qui depuis le début me jaugeait prend soudain la parole pour dire que je suis quelqu'un de respectueux parce que je ne mens pas, que je n'ai pas essayé de dire n'importe quoi sur plusieurs sujets.
Ce jugement est très important pour moi parce que depuis que j'ai commencé mon engagement en politique, j'ai toujours été sensible au parler vrai, et j'ai toujours essayé de m'y tenir.
Le tout se termine autour d'un goûter, tarte aux poires et café, et ensuite retour au bureau pour replonger dans les dossiers.
Régulièrement je prend deux heures comme ça pour aller au contact sur le terrain dans des petites réunions organisées aux quatre coins de la ville. Ce que j'ai aimé particulièrement dans celle-ci, c'est de ne pas avoir entendu parler du tramway. Il y a tant d'autres valeurs à porter et questions à résoudre en politique.