Un midi sur orbite

Ce midi j'ai visité l'établissement cannois d'Alcatel, à l'invitation de son directeur Jean-Pierre Henry. Pierre Bernasconi, le "régional de l'étape", m'accompagnait.

En tant que 1er vice-président de la Région délégué au développement économique, je suis souvent amené à faire des visites d'entreprise. C'est toujours intéressant, mais rarement passionnant comme aujourd'hui. Il faut dire que la présentation de M. Henry reflétait toute sa passion pour son entreprise, qui est un fleuron de ce que la France peut faire de mieux en matière technologique.

Après avoir évoqué la fusion avec Lucent et le rapprochement avec Thalés (qui ne devrait pas donner lieu à des suppressions de personnels, ce qui est l'essentiel) et effectué une rapide présentation en chiffres d'Alcatel et des spécificités de l'établissement de Cannes, JP Henry nous a fait visiter le gigantesque atelier - vêtu d'une blouse et de protections au pied et à la tête pour éviter les phénomènes électro-statiques. N'ayant pas peur du ridicule, j'ai quand même mis une photo...

Nous avons donc pu voir comment on fabriquait des satellites de communication ou d'observation destinés à des clients aussi divers que des opérateurs de téléphonie mobile, des chaines de télévision, Météo France ou la défense nationale et comment on les testait dans des chambres accoustiques (au décollage les satellites subissent mille fois plus de décibels et de secousse que celui d'un Concorde) ou thermique (de -185° à + 150°, pendant un an parfois). Tous ces engins sont très impressionnants, à la fois ultra-pointus et quasi indestructibles. Ils seront expédiés pour la plupart à 36.000 km de la terre, en orbite géostationnaire, pour une durée qui peut aller de quelques mois à 15 ans.

Un satellite représente en moyenne un million d'heures de travail, soit 500 personnes à temps plein pendant un an. Autant dire que la présence d'entreprises tels qu'Alcatel est très importante pour l'emploi dans notre Région. Ce sont des secteurs pour l'instant épargnés par la concurrence des pays en voie de développement, où la pénibilité du travail est faible (même si cela demande une concentration extrême) et les conditions salariales plutôt confortables. Comme l'a souligné le DRH, "on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre!"

Un petit regret : les ingénieurs sont recrutés pour la plupart en dehors de la région car il n'existe pas ici d'écoles spécialisées. La formation en alternance pourrait aussi être améliorée, mais j'ai senti une forte volonté des dirigeants de faire aboutir les partenariats déjà engagés avec les lycées des Eucalyptus et Jules Ferry et à insérer Alcatel dans le paysage social local. Et pour les bacs +2, les chiffres sont bien meilleurs en ce qui concerne l'emploi des étudiants originaires des Alpes-Maritimes.