Grippe aviaire... et Docteur Canard!
Le Dr Bruno Canard (ça ne s'invente pas) est un éminent spécialiste en virologie. Il est chercheur au CNRS, directeur d'un laboratoire universitaire à Marseille et coordonnateur d'un programme de recherche européen sur les virus (le projet VIZIER).
Hier après-midi, il a donné, à mon invitation, une conférence de presse à l'Antenne de Nice du Conseil Régional, qui a été l'occasion de faire connaître l'engagement - probablement méconnu - de la Région dans la recherche contre les virus. Nous avons engagé l'an passé 70 000 euros en équipements pour le projet de plateforme génomique, indispensable pour la recherche sur la grippe aviaire entre autre. C'était aussi l'occasion de faire un point attendu sur la grippe aviaire,le chicunguya et autres dangers virologiques qui font l'actualité ce début de siècle.
Son exposé a été passionnant et, chose pas toujours évidente, il a mis à portée de tous les avancées et les limites de la science face à ces nouveaux virus émergents (ou ré-émergents). Devant le flot d'informations contradictoires qui circulent, ses réponses aux nombreuses questions des journalistes ont été extrêmement éclairantes même s'il admet ne pas avoir toutes les réponses.
La probabilité de voir le virus H5N1 muter dans une forme humaine est par exemple impossible à estimer au jour d'aujourd'hui. Mais l'entrée du virus en Afrique n'est forcément pas une bonne nouvelle car les élevages peuvent y être touchés plus facilement qu'en Europe et à partir de là...
La bonne nouvelle c'est que l’accélération des techniques et connaissances sur les virus permet maintenant de pouvoir anticiper les menaces, et de se préparer à concevoir les futurs médicaments de demain. Ainsi, le laboratoire AFMB, du CNRS et de l’Université de Aix-marseille I et II, coordonne avec l'aide de la Région le projet VIZIER, le plus important projet d’anticipation scientifique sur les virus émergents dans le but de fournir des données scientifiques permettant la conception de médicaments.
Tout cela permettra d'anticiper les nouvelles menaces type SRAS, grippe aviaire, chicunguya... qui sont amenés à se multiplier à cause des modes de vie "moderne" (déforestations qui font sortir les virus de la nature, mobilité des populations, réchauffement planétaire...)
L'engagement public derrière ce type de recherches est donc absolument essentiel. D'autant que les firmes privées agissent en fonction du marché et que certains virus a priori peu porteurs au départ finissent par être meurtriers. Chicunguya en est le meilleur exemple : avec une veille minimale, tout cela aurait pu être évité. Seulement, lorsqu'il est apparau, ce virus n'est pas apparu "rentable"...
Comme on le voit la logique de l'argent et de la rentabilité n'épargne pas la recherche médicale non plus.