Le plan de relance montre le vrai visage du sarkozysme
On allait voir ce qu'on allait voir. Face à la crise, Nicolas Sarkozy allait faire payer les coupables, moraliser le capitalisme et se transformer en défenseur des salariés et des plus faibles...
Le plan de relance qu'il vient de proposer servira au moins à mettre fin à cette imposture. Après avoir recapitalisé les banques sans contrepartie - même pas le moindre siège au Conseil d'administration - le Président de la République propose de relancer la machine économique par un plan qui se borne à faire des cadeaux aux entreprises et à anticiper des investissements.
Une partie de la relance passait par de l'investissement, c'est incontestable. Mais si cela n'est pas couplé avec des mesures énergiques en faveur de la consommation des ménages, ces investissements n'auront qu'un effet marginal. Je crois que le gouvernement n'a pas pris la mesure de la crise économique et sociale qui se profile. L'emploi va énormément souffrir et ce n'est pas des mesurettes telles que la prime à la casse pour les vieilles voitures qui répondront à l'ampleur de ce qui s'annonce, d'autant que cette mesure destinée à relancer l'industrie automobile est une recette plusieurs fois recuites (souvenez vous, les "balladurettes") qui n'a jamais réellement prouvé son efficacité hormis le traditionnel effet d'aubaine. Un plan massif en faveur des véhicules propres aurait eu à mon sens un tout autre impact.
Le grand oublié de ce plan de relance proposé par celui qui s'était auto-proclamé "Président du pouvoir d'achat", c'est justement le pouvoir d'achat des classes populaires et des classes moyennes qui seules sont capables de soutenir la machine économique par leur consommation. Encore faut-il qu'ils ne soient pas étranglés par les autres mesures du gouvernement et par la crise comme nous en prenons le chemin.
C'est par une politique volontariste en direction de ces ménages que le gouvernement de Lionel Jospin avait obtenu les meilleurs taux de croissance européens entre 1997 et 2000. Or, le gouvernement Fillon fait exactement le contraire. Il ne donne rien aux ménages, hormis aux plus aisés qui continuent à profiter du paquet fiscal et, du coup, à priver le pays de marge de manoeuvre budgétaire. Si le gouvernement n'avait pas distribué des cadeaux fiscaux aux ménages les plus aisés, ce qui relance la consommation de façon très marginale, il n'aurait pas aujourd'hui à choisir entre l'investissement et la consommation car il y aurait eu de l'argent pour soutenir les deux. Du coup, il a privilégié l'investissement des entreprises, en ignorant une règle économique de base. C'est que l'investissement doit être tiré par la consommation.
Ce manque de discernement de Nicolas Sarkozy sur le paquet fiscal et aujourd'hui sur le choix de relance économique, je crois que nous allons le payer très cher dans les années à venir.