Ségolène : une visite qui restera dans les mémoires
La Salle de Leyrit pleine à craquer, un millier de personnes à l'extérieur. 3500 à 4000 personnes en tout dans une salle certes mythique, mais peu adaptée aux exigences modernes (pas de parkings, travaux du tramway, accès très difficile). Mais une salle choisie précisément parce qu'elle était située au coeur des quartiers populaires.
Et ce pari a été réussi. Samedi, au parlement des banlieues, la confirmation est venue. Ségolène Royal a rétabli le lien entre le PS et les couches populaires. Car vendredi soir, il y avait des militants bien sûr, mais ce qui apparaissait surtout, c'était la France telle qu'elle est, le peuple de gauche tel qu'il est et ce subtil mélange donnait à cette salle, à ce moment partagé avec la candidate, une autre intensité, une autre dimension.
Oui c'était la mixité sociale à Leyrit où les avocats côtoyaient les sans emploi, les médecins, les ouvriers, tous rassemblés par l'espoir d'un changement, d'une nouvelle France qui se lève.
Une salle à l'image de la conception de l'identité nationale de notre candidate, selon laquelle on ne s'intéresse pas à l'individu pour savoir d'où il vient, mais pour ce que nous voulons construire ensemble.
Pendant que je vivais avec bonheur cet enthousiasme, la fierté des présents, je repensais aux dernières semaines, aux efforts accomplis pour parvenir à ce 23 mars. Et je me disais, Ségolène, c'est décidément l'assurance d'une volonté et de quelqu'un qui sait résister aux entourages. Le choix de venir à Nice a été sa décision. Beaucoup lui déconseillaient un déplacement considéré comme risqué, dans cette ville tellement hostile.
C'est très rare qu'un premier secrétaire fédéral obtienne un arbitrage en sa faveur contre un staff national. Deux Hommes m'ont aidé considérablement. Jean-Louis Bianco et Patrick Menucci, mais je peux vous dire qu'il fallu lutter contre Paris.
Venir tenir une réunion de ce niveau à Nice, ce n'est pas aller à Rennes, Lille, Lyon ou Paris ou même Marseille ou à Toulouse, des villes tenues par la droite, mais dans des départements de gauche.
Venir à Nice, c'était prendre le risque de venir dans une ville de droite, dans le département le plus à droite de France, dans un fief de la "Sarkozie".
C'était venir dans une ville administrée par un maire d'extrême droite qui dit avoir changé d'étiquette mais pas d'idées et qui l'assure puisque c'est à ma connaissance le seul qui ait clairement indiqué que dans le cadre d'un second tour Royal-Le Pen, il voterait Le Pen.
Vu de Paris, tout cela est effrayant!
Il lui a donc fallu du courage pour venir à Nice. C'est certainement en ayant cet éclairage que vous pouvez mieux comprendre sa première phrase : "Merci Nice, merci les niçois, merci Patrick, je ne suis pas déçue d'être venue à Nice".
Ensuite la fête pouvait commencer et elle fut belle.