Les "justes" honorés au Panthéon
"Curieux qu'il s'exprime sur un sujet qui n'est ni vraiment politique, ni local" devez-vous vous dire.
Si je le fais c'est que je considère que certains actes font passer un message universel. c'est la cas de celui des justes.
Il faut avoir de la reconnaissance et un profond respect pour tous ces hommes et toutes ses femmes qui n'ont pas hésité à mettre en péril leur vie et celle de leurs familles pour protéger et sauver les Juifs du funeste sort que leur réservaient les SS.
En France, rien n'a été simple à partir du moment où le pouvoir de Vichy, de sa propre initiative, a édicté en octobre 1940 le statut des Juifs, leur interdisant l'accès à de nombreuses responsabilités. C'est pour cela que pour être juste, il fallait être fort. Non seulement il fallait se jouer des nazis, mais aussi de la police de Pétain et de Laval.
De ce point de vue, le geste de Jacques Chirac est fort. Je ne reconnais à Chirac que deux mérites durant ces douze longues années. Nous avoir évité une seconde guerre en Irak, et avoir su faire ce que j'aurais tant aimé que Mitterrand fasse : reconnaitre la responsabilité de l'Etat français dans la rafle du Vel d'Hiv de juillet 1942.
Ce qui s'est passé à Paris, hier n'est que la suite logique de cette reconnaissance de la responsabilité de la France. Ce ne pouvait être qu'un hommage de la Nation aux Justes, qui le gomme.
J'ai eu le privilège, grâce à Michel Vauzelle et à quelques amis, d'avoir un jour un entretien restreint avec Elie Wiesel. C'est ce genre d'entretien qui marquent un parcours politique et que l'on n'oublie jamais. C'est avec émotion que je l'ai vu aux cotés de Chirac à cette cérémonie.
Si j'ai choisi de m'exprimer sur ce sujet, c'est que précisément il y a eu de nombreux "justes" dans les Alpes-Maritimes. Je pense bien sur à Monseigneur Alfred Daumas, qui est probablement le plus illustre, à Monseigneur Rémond qui a fait fonctionner (pas seul) le réseau Marcel, qui permis à des dizaines d'enfants juifs d'être sauvés. Mais je pense aussi à de nombreux anonymes.
J'ai assisté plusieurs fois à la remise de médailles de justes. C'est toujours un moment d'une émotion intense, particulière, difficilement descriptible en fait. Ceux dont les noms sont gravés sur une plaque à Don Bosco, les deux justes que nous avons honorés à Saint-Martin Vésubie, à l'occasion d'une commémoration de l'exode du Col de la cerise.
Je pense aussi à un collègue de travail, Gilbert, qui se reconnaitra s'il vient un jour lire ce blog, épris d'émotion en venant me dire que ses parents décédés avaient été fait "justes" à titre posthume pour avoir sauvé des juifs à Clans.
Je pense enfin à Edouard David, le maire de la petite commune de Saint Léger, dans la vallée de la Roudoule, dont le village entier a reçu le titre de "juste", tant ils ont caché de juifs pendant la seconde guerre mondiale.
"Quiconque sauve une vie sauve l'univers" dit le Talmud, devise qui orne la médaille des justes. En tout cas, au pire moment, pour avoir réalisé ce qu'ils ont fait, ils ont cru en la France, en ses valeurs universelles, et ils ont cru en l'humanité.
Je suis particulièrement fier que dans notre département et à Nice, ville où le PPF qui a préfiguré le régime de Vichy a été fondé, tant de personnes aient eu le courage de faire le choix de la fraternité et de la solidarité.