Zidane s'est invité à table

Après l'AG de la Chambre de Commerce Franco-Italienne, je suis resté jeudi déjeuner avec leurs représentants. Et pendant le repas Zizou s'est invité à table.

C'est toujours intéressant d'écouter ce que pensent nos amis transalpins de cette affaire que restera l'image forte de cette Coupe du Monde. Tous sont unanimes pour condamner Zidane mais ils ne sont pas moins nombreux à reconnaître que Materazzi est un provocateur, coutumier du fait et qu'il a certainement dit ce que le Monde rapporte "on sait tous que tu es le fils d'une pute, terroriste!".

Mais comment Zinedine a t'il pu tomber dans le panneau et commettre l'irréparable? Eh bien tout simplement parce qu'à un moment il n'a pas supporté. Il a démontré à cette occasion qu'un champion ne demeure avant tout qu'un être humain avec des émotions que l'on maitrise et d'autres que l'on ne maitrise pas.

De mon bureau, je suis en face l'hotel Mercure, avenue Notre dame et en le regardant je me rappelle un soir de 1994 où Zinedine Zidane, qui était alors à l'AS Cannes, était venu participer à une réunion organisée par France Plus Nice, le mouvement qui s'était monté en réaction à la poussée du FN. On l'oublie trop souvent mais Zidane s'est engagé à ce moment là contre Le Pen.

Rien n'excusera ni n'effacera jamais ce geste regrettable mais je pense que mercredi soir il a bien posé le problème et ce n'était pas facile.

Et mes voisins de table italiens qui sont des amis ont beau m'expliquer que les insultes c'est banal, je refuse cette banalité. Les insultes ne font pas partie du football et qu'on en entende sur tous les stades n'est pas une raison.

Tout au contraire ce qui s'est passé à Berlin doit être pris pour appui pour que l'on en revienne aux fondamentaux, le football est un sport, un jeu, un spectacle. ceux qui y vont doivent y prendre du...plaisir. Le football ce n'est pas la guerre, et quand Domenech dit que Materrazzi est l'homme du match, pas seulement parce qu'il a marqué un but mais aussi parce qu'il a fait expulsé Zidane, premier ou second degré je désapprouve.

Il faut condamner les provocateurs au moins aussi fermement que ceux qui cèdent à la provocation. Ce sont eux qui mettent le feu. Et ce qui vaut pour Berlin vaut aussi pour La Lauvette, les terrains du parc des sports, le stade Saint Roch, celui de l'Oli ou le Méarelli. Partout la violence verbale monte. "Ta mère" s'entend sur tout les terrains dès le plus jeune age. Quand ce ne sont pas les parents qui s'en mèlent avec de glorieux "vas y casse le" du bord du terrain.

Tout cela est inadmissible et fait peu à peu perdre au football sa fonction d'école de la vie, de respect des repères, des règles et des arbitres qui sont insultés, parfois frappés. Avant que tout cela dégénère, il serait temps que les instances du football prennent des mesures radicales contre les coupables d'aggressions verbales. Les politiques savent bien que les mots et les écrits peuvent aussi violents que les actes et c'est pour cela qu'ils sont impardonnables eux aussi lorsqu'ils se laissent aller.

Si les instances sont dépassées, les politiques pourront peut être les aider. J'ai dans l'idée que l'instauration dans les critères d'attribution des subventions d'un système de bonus-malus, majorant ou diminuant la subvention d'un club en fonction de l'attitude de ses équipes sur les terrains serait de nature à sensibiliser les éducateurs sportifs et à les motiver dans leur engagement à mieux encadrer les jeunes, à mieux les faire se respecter quelles que soient leur origine, leur couleur de peau ou leur religion, à leur enseigner le respect des arbitres.

En attendant, cette coupe du monde ce n'est pas seulement les insultes de Materazzi et le coup de boule de Zidane, c'est aussi le quart de finale France-Brésil qui portait un message de tolérance, de fraternité et d'amitié très fort.

Zidane a tant apporté au football en tant que joueur, tant apporté au sport français qu'il est devenu la personnalité préférée des Français. Il pourrait encore involontairement beaucoup apporter au football si ce qui s'est passé à Berlin pouvait servir de détonateur et faire prendre conscience que désormais ce sport-roi est au bord du précipice.

Comments

[enzo d'aviolo]

je partage votre sentiment.
http://www.etiennefillol.org/blog/index.php?2006/07/13/122-une-injure-ca-va-un-coup-bonjour-les-degats

[andré]

il a fait ce qu'il avait envie de faire, il a été expulsé tant mieux ,
zidane matarazzi meme combat, meme gestes et paroles On a besoin d'autres exemples que ces gens la

[JL Schwendimann]

Et vous que faites-vous en parlant d’idiots ? Evidemment je désapprouve les comportements des deux adversaires, mais je n’apprécie pas le cours de catéchisme développé à cette occasion. Zidane n’a évidemment pas réagi comme la société bien pensante qui s’en sert comme symbole (et ses leaders politiques pour leur audience) aurait aimé qu’il le fasse. Un peu de retenue et de recul est bon aussi de notre côté.

[andre]

Merci zizou, pour tous ces jeunes qui regardaient la telé, Lorsque deux idiots se rencontrent, ils tuent la magie d'une finale de la coupe du monde en la mettant au niveau d'un match le vendredi soir à la lauvette ,Que ce soit par la violence de l'insulte ou de l'agression physique, par la pauvrete du la pauvreté du jeu montré on peut dire que tout cet argent leur monte à la téte
Ah! j'oubliais , les Français ne savent pas perdre c'est affligeant

[nathalie]

Tu as bien raison les insultes sont des agressions, moins graves, bien entendu, que les atteintes physiques mais devant être considérées comme telles, a fortiori lors de pratiques sportives. Et il est grand temps de prendre des mesures pour que le respect à l'école, sur les stades, sur les lieux de travail, dans les familles, sur les routes, entre enfants, entre adultes et enfants, etc....passe par le langage.
En judo, l'arbitre a possibilité de sanctionner le combattant qui insulterait son adversaire.....pourquoi pas au foot ou au rugby....? Pourquoi n'y aurait-il pas, comme nous avons au judo, un code moral?...Pourquoi les sports, toutes disciplines confondues sur des problèmes aussi graves que la violence qu'elle soit physique ou verbale ne s'inspireraient-ils pas des bonnes pratiques existantes?
Bonne idée l'attribution des subventions en fonction d'un bonus/malus retenant l'attitude de l'équipe sur le terrain ou dans le gymnase.