Un bureau fédéral studieux et soudé
Hier soir s'est tenu en soirée le Bureau Fédéral du PS. c'est une instance de la Fédération de 28 membres qui se réunit en général une fois par semaine. Celui là, venant juste après le résultat, avait une importance particulière.
J'avais encore en mémoire en fin de soirée, très tard, quand le bureau fédéral s'est terminé, les paroles de Ciotti me conseillant de m'occuper d'un PS au bord de l'implosion au journal de France 3.
S'il avait été là, il aurait été déçu. Plus de deux heures d'interventions et d'analyses des uns et des autres, et des éléments d'analyse très riches.
Plusieurs éléments ont été avancés dans la discussion.
La primaire, interne mais très médiatisée, a abîmé énormément notre candidate qui ne s'en est pas remise. C'est la deuxième fois après le référendum interne que nous sommes piégés. Trop de transparence dans la démocratie confère à l'angélisme. Nous avons fourni à la droite toute une série de clefs pour sa campagne, notamment c'est à partir de là que s'est mis en place le procès en incompétence.
Le contrôle médiatique qui n'a pu être cette fois surmonté par internet : la mise en valeur systématique de toute gaffe de notre candidate (et elles ne furent pas plus nombreuses que celles de Sarko) alors qu'à chaque fois les siennes étaient minorées.
Le seul reproche fait à la candidate est sa tendance à la répétition de certaines idées, à insister parfois trop sur certains points (cf la question des handicapés à l'école lors du débat alors qu'elle avait marqué des points et que sarko était en perdition).
Le flou dans le programme sur des points cruciaux. Dans le débat, les deux points sur lesquels elle a été le plus en difficulté sont les retraites et les 35 heures, deux questions que, ni le congrès du Mans, ni le projet socialiste, n'avaient tranchées assez clairement.
Le parti pas suffisamment derrière la candidate. Je ne partage pas cela. Les fédés, très impliquées dans la campagne par la direction de campagne, ont été mobilisées comme jamais, les militants aussi. Par ailleurs, pour des raisons évidentes, et pas seulement politiques, François Hollande a mis le Parti en ordre de marche. Ce qu'il a manqué sans doute, c'est plus d'implication d'un certain nombre de nos dirigeants les plus médiatiques.
Je pense notamment à la question du bilan. Tout le monde a convenu qu'une des clefs de cette élection, c'était cela. Sarkozy a réussi le tour de force de ne pas endosser le bilan de gouvernement alors qu'il en est comptable non seulement en tant que numéro deux du gouvernement mais aussi en tant que président de l'UMP. Ce n'était pas à la candidate qui porte un projet de faire cela, mais au Parti. Il y a là une carence.
Le siphonnage de Le Pen, n'est pas une bonne nouvelle dans la mesure où, les électeurs de Le Pen n'ont pas quitté Le Pen sur un projet opposé à ses thèses mais pour un candidat qui au contraire a repris certaines thèses de FN. Et sur des thèmes où le risque d'échec est majeur. Que feront ces électeurs ensuite?
L'audace d'avoir choisi une femme. C'est une victoire de l'avoir amené à 47% dans un contexte très difficile car elle a subi des attaques que jamais un homme n'aurait eu à endurer. Faut il pour autant dire maintenant pour les femmes c'est la grande nuit, on en reparlera dans 20 ans quand les mentalités auront bougé. Ceux qui pensent cela n'ont rien à faire au PS.
Bien sur bien d'autres idées ont été émises dans ce débat. J'en ai juste sélectionné certaines. mais ce qui m'a frappé, c'était le fait d'avoir un débat à plat, sans vraiment d'arrières pensées, de la part de tous.