Le gouvernement a réussi à se mettre à dos les médecins libéraux
La médecine libérale a toujours été considérée comme un bastion électoral de la droite républicaine, un peu comme les enseignants pour la gauche. Mais ce gouvernement est tellement "doué" pour la concertation qu'il a réussi à se mettre à dos à peu près tous les syndicats de médecins (MG France, FMF, Espace Généraliste et Union Collégiale).
L'objet de la discorde est un amendement à la loi de financement de la sécurité sociale voté par le Sénat afin de revenir sur le "droit d'opposition" à la Convention médicale. En effet, la loi précédente disposait que, sous réserve qu'ils soient représentatifs d'au moins 50% des voix aux élections professionnelles les syndicats de médecins libéraux pouvaient s'opposer à la mise en oeuvre de textes régissant les relations entre le corps médical et l'assurance maladie.
En fait, comme les choses ont bougé depuis les dernières élections professionnelles et que les syndicats majoritaires ont fait jouer ce "droit d'opposition" le gouvernement a décidé que finalement associer les premiers concernés aux décisions n'étaient pas une si bonne chose que ça.
Le déficit de l'assurance maladie est très préoccupant, je suis le premier à en convenir. Mais il ne peut à mon sens qu'être jugulé avec l'assentiment des professions médicales, pas contre elles. Surtout, faire jouer la démocratie participative seulement lorsque le résultat convient au gouvernement est un très mauvais signal donné à la société civile et aux organisations syndicales en particulier. On dénonce souvent un syndicalisme de protestation mais ce gouvernement laisse t-il seulement le choix aux organisation syndicales ?
Pour l'heure les syndicats de médecins libéraux ont écrit à Pierre Mazaud le Président du Conseil Constitutionnel pour dénoncer l'inconstitutionnalité de l'amendement. Les différents groupes parlementaires ont également été saisis de la question car ils sont les seuls à pouvoir saisir les neuf sages du Conseil. J'ai pour ma part écrit à Jean-Marc Ayrault le Président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale pour connaitre son sentiment sur le principe.
Au-delà de cet amendement il me semble important de soutenir les médecins et en particulier les médecins généralistes qui ont organisé une journée d'action le 7 décembre. Les généralistes sont les garants de l'égalité de tous devant la santé et leur profession connaît une crise sans précédent, notamment dans les zones rurales où leur présence est pourtant vitale. Mais le gouvernement semble complètement sourd à cette crise des vocations et ne prend pas en compte une fois encore les propositions des syndicats pour rendre le métier plus attractif. Cette affaire me semble symptomatique de ce qui se passe dans le pays et je pense sincèrement que l'UMP finira par payer au prix fort cette politique de la sourde oreille.