Reflechir sur le logement à Nice: Et si les niçois finissaient par être chassés de leur ville?
Hier soir, j'avais trois possibilités à mon emploi du temps.
Aller à la salle Leyrit voir un gale de Boxe pieds poings que la Région a partiellement financé.
Aller à la Colle sur Loup et Villeneuve faire un débat dans les sections.
Mais en fait la date était bloquée depuis un moment. Je rencontrai un groupe de personnes ressources spécialisées dans les questions de logement pour évoquer avec elles les perspectives sur Nice, tester certaines solutions qui m'ont également été suggérées.
Très vite la discussion a tourné autour de la ségrégation spatiale qui est mon obsession dans cette ville. Comment corriger la politique qui a consisté à rejeter à la périphérie de la ville les plus modestes et les immigrés?
Il ne va pas suffire de répondre quantitativement à la demande des niçois en matière de logements et de combler le retard SRU, il va aussi falloir dire comment? Car on doit aussi assurer du qualitatif, c'est à dire l'équilibre social. Il manque 16500 logements sociaux à la ville de Nice pour répondre aux éxigences de la loi SRU. Une paille!
Il faudrait pour rattrapper le retard construire environs 900 logements par an, soit le double de ce que la ville sort actuellement, environ 450 à 500. Or 70% des niçois remplissent le critère de ressources pour prétendre à un logement social et 75% de la population est eligible à l'obtention d'un prêt à taux zéro!
Nous avons évoqué également les démolitions (Pasteur) et celle de certains immeubles à l'Ariane bientôt. Reconstruire la ville sur la ville. La flambée des prix sur l'immobilier, qui augmente de 15 à 17% par an depuis 3 ans, ce qui nous place en 4eme position des villes de plus de 100 000 habitants derrière Paris, Boulogne -Billancourt et Aix en Provence. Paradoxalement c'est aussi la ville qui détient le record des propriétaires, 45% de la population est propriétaire à Nice de son logement. C'est une donnée sur laquelle il faut aussi réfléchir dans la perspective des prochaines élections municipales et qui, entre autres, explique peut être cette continuité politique sans équivalent en France. Le manque de foncier très handicapant.
Avec des contradictions notables. Le vieillissement de la population dans les HLM, qui n'en sort pas, d'où aucune rotation dans les appartements, mais aussi le fait qu'en 10 ans la tranche des 25-39 a été renouvelée à hauteur de 25% par l'arrivée de jeunes actifs.
Par contre 80% de la production neuve de logements sur Nice est absorbée par des acquéreurs extérieurs au département compte tenu du prix moyen (plus de 3500 euros le m2). Les revenus modestes n'y arrivent plus, et les logements sociaux sont en priorité affecté aux plus fragiles. Les gens s'y aggrippent. Le taux de rotation des locataires de l'OPAM est très inférieur à la moyenne nationale.
Je ne dévoilerai pas tout le reste de cette belle réunion de travail, sérieuse, car il y a trop de "prédateurs", mais plusieurs propositions m'ont été faites. On se reverra pour y travailler pour que précisément ce que j'ai mis en titre de ce billet, de façon un peu provocatrice, ne se produise pas.