Le don, alibi de l'abandon ?
Dimanche, j'étais à la salle Nikaïa, pour les 60 ans du Secours Catholique.
Il y avait des représentants des caritas de Colombie et d'Albanie, mais surtout 1050 bénévoles, ce qui démontre la vitalité du tissu associatif dans notre département.
J'ai été très surpris de ne trouver aucun représentant de l'Etat, ni du Conseil Général. Il y avait juste une conseillère municipale représentant le sénateur-maire. Cela a permis d'avoir un peu plus de temps de parole.
J'ai donc pu développer quelques idées sur ce que je pense de la place du secteur associatif caritatif dans le dispositif national de lutte contre la pauvreté.
J'ai notamment regretté que l'Etat se décharge de plus en plus de ses responsabilités sur les associations que par ailleurs il étrangle financièrement par la baisse de ses engagements. Et c'est logique la baisse de l'impôt ne peut se traduire que par la baisse du niveau de protection des plus démunis. Or la pauvreté augmente dans notre pays. 80.000 personnes sous le seuil de pauvreté dans les AM. 30000 demandes de logement social en attente. La situation n'a jamais été aussi grave et cela commence à se voir (cf le retour d'un bidonville derrière la voie ferrée à Saint Augustin, une situation que l'on avait plus connu depuis le début des années 70).
Dans cette société de zapping, l'émotion remplace le fond. J'ai illustré ce premier constat par la déferlante de dons au niveau planétaire qui a suivi le tsunami dans le sud est asiatique. Il y a presque eu trop d'argent, en tout cas mal orienté.
De même l'évenementiel remplace la continuité. Pour illustrer ce second constat, j'ai fait référence sous l'approbation du public à l'opération "pièces jaunes" en affirmant que si l'on mettait bout à bout ce que l'accueil de ce train coûtait comme subvention au contribuable local, cela permettrait à des nombreuses associations d'agir tout au long de l'année.
Enfin le don ne servirait-il pas d'alibi à l'abandon ? C'est la question que j'ai posé en conclusion. Par principe je privilégie la contribution au don, car elle s'impose à tous par le biais du versement de l'impôt, là où le don laisse un place si grande au libre arbitre. Cela est valable au plan national mais aussi au plan international où ces dons consécutifs à des catastrophes naturelles sont devenus la bonne conscience des pays les plus développés qui ne remplissent aucun de leurs engagements vis à vis des pays les plus pauvres.
J'espère que cette question sera abordée lors du troisiéme débat entre nos prétendants car un projet socialiste se doit de tracer non seulement des perspectives mais aussi d'avancer sur des engagements concrets en faveur du co-développement notamment.