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Le blog de Patrick Allemand
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1 juillet 2009

Discours d'ouverture du symposium de l'eau

Water_symposiumVoici le discours que j'ai prononcé ce matin à l'occasion de l'ouverture du 11ème Symposium International de l’Eau qui se déroule à Cannes jusqu'au 3 juillet

"Monsieur le Député Maire, Mesdames Messieurs,

 

C’est avec un réel plaisir que je participe, au nom de la Région et de son Président Michel Vauzelle, malheureusement retenu par des obligations souscrites de longue date, à la cérémonie d’ouverture de ce 11ème Symposium International de l’Eau


Les questions mises à l’ordre du jour de vos trois journées de débat ont, dans cette grande région méditerranéenne de Provence-Alpes-Côte d’Azur, une résonnance toute particulière.


 Au niveau de la planète, on a pris progressivement conscience de l’interaction entre l’eau et les nécessités alimentaires des populations.


 On a aussi pris conscience du défi démographique d’une planète qui est passée d’ 1 Milliard d’habitants au début du 19ème siècle à près de 7 aujourd’hui et qui nous promet d’atteindre le chiffre de 8 à 9 Milliards vers 2050. Dans ce contexte, où il faut aussi prendre en compte les menaces de perturbations climatiques, la question de l’accès à l’eau est cruciale.


 Elle l’est tout particulièrement en Méditerranée où l’on sait, grâce aux études prospectives du Plan Bleu que, s’il y a aujourd’hui 20 à 30 millions de méditerranéens qui n’ont pas accès à l’eau potable, les pressions sur la ressource ne feront que s’accroître.


 Et alors que les ressources naturelles renouvelables seront de plus en plus surexploitées, et que l’on va faire de plus en plus appel à des ressources non durables, ce seront, à l’horizon de 20 à 30 ans, 250 millions de méditerranéens qui seront pauvres en eau, c'est-à-dire plus de 40 % de la population du bassin.


 Ces quelques données justifient amplement le bien fondé de vos interrogations et la nécessité de se concentrer sur l’eau en ayant présent à l’esprit quelques éléments de raisonnement simples.


 D’abord la question de l’éthique : exprimer clairement que l’accès à l’eau est un droit humain, et un droit non négociable.


 Mais ce droit doit pouvoir se traduire dans des possibilités concrètes d’accès à l’eau : avec la définition d’un minimum vital à une eau de qualité ; avec des politiques résolues en faveur d’investissements dont on connaît le poids ; avec des moyens financiers qu’il faudra consentir.


 Il faut également mettre l’accent sur les innovations,


 Les innovations technologiques :


 - afin de réaliser des économies d’eau notamment avec l’optimisation du rendement des réseaux pour que l’essentiel des ressources ne se perde plus comme c’est aujourd’hui le cas dans nombre de pays de la rive sud et la mise aux normes de l’assainissement ;

- afin d’assurer la mobilisation des ressources : non seulement les ressources classiques avec les forages ou les transferts et les ouvrages de réserve, mais aussi celles non conventionnelles que sont le dessalement et le développement du re-use .

- Les innovations sociales et culturelles pour une « culture de l’eau » mieux partagée et gérant mieux les usages et la régulation des conflits.


 C’est dans ce cadre global qu’il y a lieu de mettre l’accent sur deux points qui peuvent éclairer vos questionnements : la gestion intégrée de l’eau, réalité en région Provence-Alpes-Côte d’Azur qui offre un bon exemple de ce qu’il est possible de faire ; et la question-clef dans le monde méditerranéen qui est celle des coopérations et des transferts de technologies entre les pays du nord et du sud.


 Les questions d’accès à l’eau et à l’assainissement se posent partout dans le monde.


 Mais si le problème est global, les solutions ne peuvent être mises en œuvre qu’au plan local. Notre région en témoigne.  C’est en effet un système très particulier, initié dès l’antiquité et le haut moyen âge avec les canaux de la basse Provence, que notre région a su construire au fil des siècles.


 Comme dans toute région méditerranéenne la culture de l’eau fait réellement partie des éléments fédérateurs de l’identité de cette région. Grâce à de grands aménagements et cette culture de l’eau partagée, ce système a permis de conjurer la pénurie et d’assurer une utilisation rationnelle de tout le territoire régional.


 Je rappellerai que les collectivités publiques de la Région, des Départements, de la Ville de Marseille ont uni leurs efforts, mutualisé leurs droits d’eau et leurs ressources financières, pour garantir durablement la sécurité d’alimentation en eau, pour tous les usages (urbains, industriels, irrigation) nécessaires à la vie socio-économique et ont fondé en 1957 la Société du Canal de Provence.


 Avec les grands aménagements du Canal de Provence, on a dépassé le cadre classique de gestion d’une ressource unique à la seule échelle du bassin versant local et constitué les infrastructures nécessaires de réserves et transferts, à partir du Bassin Durance-Verdon.


 Ce faisant, on a assuré une sécurité à l’échelle de l’ensemble de la région, grâce à une gestion complémentaire de toutes les ressources, locales et régionales, naturelles et artificielles.


 Même si, comme tout modèle, il n’est pas reproductible tel quel, ce « modèle provençal de gestion de la ressource en eau » peut sans doute apporter un éclairage sur la manière dont il est possible d’appréhender ces questions et d’y répondre.


 A cet égard, le maître mot à retenir est celui d’anticipation.


 En effet, si ce modèle régional intègre naturellement les ouvrages du Canal de Marseille ainsi que les grands aménagements hydroélectriques et de régulation des crues de la Durance réalisés durant les années 60, il a néanmoins été conçu quand cette région encore très rurale ne comptait qu’à peine plus de 2 millions d’habitants.


 Nous approchons aujourd’hui les 5 millions d’habitants. Et pourtant ce système fonctionne toujours : on a su le faire évoluer et il garantit durablement l’accès à l’eau pour tous et pour tous les usages, avec pourtant des populations et des activités très largement concentrées sur le littoral.


 Grâce à ce système, et tout particulièrement au Canal de Provence, dont le patrimoine vient d’être transféré par l’Etat à l’Institution régionale, c’est à dire grâce à un patrimoine public au service d’une gestion publique de la ressource, la Région et ses partenaires disposent d’un opérateur :


 - apte à mettre en œuvre des choix politiques en matière d’aménagement durable et d’occupation de l’espace

- et qui fonde son action sur quelques principes simples, qui relèvent d’une éthique de gestion publique.


 Ces principes qui renvoient aux questions de gouvernance de l’eau, d’adaptation au changement climatique, de gestion de la demande, ou encore de financement, ont naturellement été au cœur des grands débats du Forum Mondial de l’eau d’Istanbul de mars dernier, où les principaux acteurs régionaux de l’eau étaient présents aux côtés du Président Michel Vauzelle.


 Ce modèle provençal de gestion de la ressource en eau a en effet su faire naître dans son sillage un tissu de compétences et de savoir-faire technologiques exportables. Cette expertise vient d’être d’ailleurs reconnue par les 36 gouverneurs mondiaux de l’eau, puisque la France et la ville de Marseille ont été sélectionnés le 19 juin dernier pour accueillir le VI° FORUM MONDIAL de l’EAU en 2012.


 Ainsi, en Provence, comme dans l’ensemble du monde Méditerranéen, l’eau fait sens et peut être le ciment de grandes solidarités. Forte d’un savoir-faire séculaire et d’un tissu d’entreprises publiques et privées compétitives, Provence-Alpes-Côte d’Azur a un rôle particulier à jouer. Nous avons plus que jamais à favoriser les projets de coopérations décentralisées en méditerranée, la politique de gestion durable de l’eau à construire, étant aussi celle d’une région solidaire et ouverte sur le monde.

Avec l’Union pour la Méditerranée et son projet de stratégie méditerranéenne de l’eau, de grands projets sont attendus au travers desquels nous pourrons valoriser une filière économique déjà structurée autour de ses grands opérateurs et dans le PRIDES “ éco entreprises - développement durable ”.


 Cet objectif économique et de coopération fait partie intégrante de la politique de l’eau à l’échelle des territoires de Provence-Alpes-Côte dont la Région a entrepris la construction.


 Dans ce contexte, les Assises de l’eau dont le forum de lancement s’est tenu le 8 juin dernier à l’Hôtel de Région, sont pour l’Institution régionale autant l’expression d’une conviction que l’application d’une méthode.


 La conviction est que nul ne peut plus désormais faire abstraction d’une réflexion et d’une action de fond sur l’avenir des ressources naturelles et tout particulièrement sur l’impact de l’eau sur la vie des territoires et de millions d’êtres humains.


Pour ce qui est de la méthode, si l’ambition est d’esquisser les principales orientations d’une politique de gestion durable et solidaire de l’eau, nous savons aussi que dans un domaine aussi sensible et qui nécessite la durée, le processus participatif de construction d’une politique est aussi important que l’affirmation des priorités.


 Les Etats généraux sur l’avenir des services publics en Provence-Alpes-Côte d’Azur, organisés au début de cette année ont permis à de nombreux acteurs de la vie économique et sociale régionale de faire part de leurs inquiétudes au regard des réformes institutionnelles engagées nationalement et, corrélativement, d’exprimer leurs attentes en matière de services offerts aux populations.


 Les Assises régionales de l’eau qui visent à dessiner un service public au service des territoires et des habitants de Provence-Alpes-Côte d’Azur constituent un des éléments forts de cette démarche des Etats généraux de la Région.


 Le lancement simultané sous la maîtrise d’ouvrage de la Région du Schéma d’Orientations pour une Utilisation Raisonnée et Solidaire de la ressource en Eau, constitue le prolongement technique indispensable de cette approche, pour construire une connaissance prospective et progresser dans la construction d’une gouvernance partagée, associant largement tous les acteurs.


 Avec les grands enjeux de l’eau, dont on mesure peu à peu toute la complexité, nous sommes en effet face à des questionnements et à des débats qui ne peuvent pas rester circonscrits au milieu des experts ni à celui des acteurs socioprofessionnels.


 Ils doivent aussi être appropriés par les citoyens. L’évolution des approches et notre capacité collective à produire du changement en dépend. Cela impose une très grande clarté et un effort de pédagogie pour que cette complexité soit réellement prise en compte, pour remettre en cause tant d’idées reçues, mais aussi pour responsabiliser, sans culpabiliser.


 Parmi tant de questions ne faut-il pas se demander, pour reprendre l’interrogation formulée par Monsieur Ghislain de Marsily, membre de l’Académie des Sciences, dans très son récent ouvrage l’Eau, un trésor en partage , « jusqu’à quel niveau nous pourrons augmenter nos prélèvements, réduire la part réservée aux écosystèmes et espérer quand même conserver une planète vivante ?» .


 Ces interrogations, il nous appartient de les formuler, non en fonction de présupposés idéologiques, mais de nos propres réalités.


 Elles sont celles de territoires confrontés au changement climatique, à l’explosion de la croissance démographique, à la littoralisation, et aux risques de pénuries alimentaires, et c’est au niveau de nos territoires globalement sécurisés par des réserves et des grandes infrastructures de transferts et aujourd’hui heureusement pourvus de ressources relativement abondantes, que nous devons impérativement intégrer les enjeux d’un développement durable :


- un développement privilégiant la satisfaction des besoins futurs en les articulant avec les nécessités vitales d’aujourd’hui,

- et se fixant comme objectif d’éviter de prélever toujours plus sur le milieu naturel, sans pour autant compromettre ni le renforcement de la compétitivité des territoires, ni la réduction de la pauvreté et des inégalités, sociales ou territoriales.


 A cet égard je partage aussi volontiers l’une des conclusions de Ghislain de Marsily, quand il indique que le problème de l’eau ce n’est pas tant sa rareté, que son partage équitable entre tous, aussi bien entre les hommes qu’avec l’ensemble de la faune et de l’environnement.


 Viser un tel objectif suppose réflexion et action. Avec toute la modestie qu’il convient d’avoir, ne s’agit-il pas au fond, pour citer Henri Bergson, de faire en sorte « Que l’avenir ne soit plus ce qui va arriver, mais ce que nous allons en faire ».


 Je formule le vœu que les débats durant ces trois journées permettront d’avancer en ce sens, tout particulièrement avec les éclairages que ne manqueront pas d’apporter, chacun pour ce qui les concerne, l’ensemble des intervenants."

 

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Commentaires
P
Super..... ALORS ???? SUIS PRETE à ré-amorcer la pompe...et à servir les intérêts des locaux, tête de "cochon" euhhh .. de canard... que je suis.. mais pas laqué, ni esclave.. lol. <br /> ON COMMENCE QUAND ???<br /> Suis épatée par ce très beau discours.. mais SUR LE TERRAIN ??? qui fait QUOI, et coin coin.....(clin d'oeil à ceux qui vivent mes "coups de gueule"). <br /> A part les monstres (qui gèrent nos déchets et bientôt nos tdc) "lobbyers"(wouarrfff, oui c bien des monstres)- IL FAUDRA LIBERER L'EAU DE L'EMPRISE TECHNICO-ECONOMIQUE" res publica.... <br /> Et justement : ça intéresse qui ?.... . <br /> OUI REVENONS AU LOCAL...Georges, toi l'autochtone, le père, le directeur technique, le grand manitou du bon sens, hugh, tu vas te RE bouger STP !!<br /> Je sais tu es très CHARRETTE mais ça suffit cette impuissance, cette course contre la montre, ces "théories", ces constats : alors que les choses pourraient être SIMPLES et non instrumentalisées. Si on se bouge pas on sera PIEDS ET MAINS LIEES (ou plutôt nos gosses et ce qu'on leur aura laissé). Pourquoi ATTENDRE, LAISSER FAIRE.. où sont les hommes de trempe qui ont posé (FAIT, AGI) les jalons de votre région... et les citernes romaines, et les châteaux d'eau.... et toute cette flotte NON GEREE qui va se saler (pour être désaléee ensuite... wouarfff), et tout ces détournements, rétentions pour des intérêts TRES PRIVES. <br /> Toutes ces opérations développement durable me casse vraiment les pieds... Georges hier soir encore tu nous parlais de tes combats sur l'eau et l'NRJ d'il y a 30 ans, celle qu'on te demande de "réactiver". L'NRJ oui parlons en. On nous tient par les "couilles" (regardez le prix de l'essence actuellement), j'aime cette expression (provençale ?... lol)... PERSONNE NE DIT RIEN...allez allez, ON N A PAS LE TEMPS (raz le bol d'entendre cela) et ben pour l'eau, c'est et ça sera PAREIL si on ne REAGIT pas.....<br /> Merci Patrick, heureusement il existe des personnes de bonne volonté, je pense que ces problèmes URGENTS doivent être mis A PLAT - le bon sens, les spécialistes et les autochtones devraient se réapproprier ces dossiers cruciaux (l'eau, les productions locales, le savoir-faire, les réseaux, l'environnement, le patrimoine..). QUELLE REGION MAGNIFIQUE QUI MERITE D'ETRE DEFENDUE AVEC PASSION. J'aimerai tant que derrière ce discours des HOMMES DE BONNE VOLONTE, INTEGRES, de bon sens, cohérent, règle tout ceci avec cohérence, dans la durée, avec intelligence et coeur : il n'y a qu'une seule vérité "montrer l'exemple pour être crédible" et les bla bla très intéressés et instrumentalisés ne nous impressionnent plus et nous dégoûtent plutôt de toute politique.<br /> Notre génération doit vraiment AGIR !! nos parents ont fait ce qu'il fallait..<br /> Portez-vous bien !!<br /> Pat
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