Vite, faites revenir les assistants d'éducation! la criminalisation des jeunes est en marche
La sécurité revient sur le devant de la scène en pleine préparation des élections européennes. Jour après jour, c'est de nouveau un pilonnage de faits-divers, les uns plus détestables que les autres avec au final toujours la même réponse : plus réprimer, plus criminaliser, durcir et banaliser en même temps, jamais mieux prévenir. Il y a trois jours l'interpellation d'un garçonnet de 6 ans par les policiers pour un "vol" de vélo (je dis bien 6 ans!, deux ans plus jeune que ma petite Margot) devrait alerter n'importe quelle conscience mais non...personne ne réagit.
Une succession de faits gravissimes : une enseignante poignardée, un lycéen frappé à coups de marteau (même si l'on ne s'attarde pas sur le fait que cela s'est déroulé hors enceinte scolaire), etc...laisse penser que l'insécurité dans les établissements scolaires vient de franchir un nouveau palier. C'est malheureusement une loi des séries, mais en fait la situation est grave depuis un moment. Et il n'est pas question de faire de la démagogie ni dans un sens ni dans l'autre. Immédiatement le ministre de l'Education Nationale parle de généralisation des portiques et de création de brigades spéciales d'intervention dans les batiments scolaires.
Bien entendu, ici, Estrosi est le premier à emboiter le pas. Et à réclamer à la région que les lycées soient doté de portiques. Démagogie totale. De tout temps la sécurité a été une des préoccupations essentielles de Michel Vauzelle. Nous avons été la première région de France à créer une véritable police ferroviaire sur notre réseau TER. Il faut avoir sur ces questions une démarche pragmatique : ne rien s'interdire, ne rien systématiser. il peut y avoir besoin de portiques au cas par cas et nous ne sommes pas fermés au dialogue.
Mais quand notre parti réagira t'il au niveau national? Quand quelqu'un dira tout haut que les violences ne cessent d'augmenter en milieu scolaire depuis que la droite a repris le pouvoir en 2002?
Quand quelqu'un finira t'il par dire qu'en fait cette violence augmente au fur et à mesure que disparaissent les emplois d'assistants d'éducation dans les établissements scolaires, les 30 000 postes supprimés par Sarkozy et toute sa clique. Ce sont eux les responsables du chaos actuel! Mais plutôt que d'admettre l'erreur et de remettre ce type de personnels dans les écoles, on créerait des brigades d'intervention spécialisées.
Si ce n'était pas aussi sérieux, cela en serait presque risible. On aura bientot dans ce pays une police pour adultes et une police pour enfants! Je rappelle que les deux très graves incidents intervenus à Nice ces dernières années ont eu lieu en dehors des enceintes scolaires (un jeune poignardé rue Provana de levny, aux abords du lycée Calmette, il y a 5 ans et un malheruesement décédé cette année rue pauliani à proximité de Don Bosco).
En plus, la généralisation des portiques ne serait pas sans poser de véritables questions techniques. Comment faire passer tous les jeunes sous les portiques de détection? On ne peut pas transformer chaque établissement scolaire en aéroport! Et quand on voit le temps qu'il faut pour passer un contrôle à un aéroport, on imagine aisément la pagaille qu'il pourrait y avoir le matin dans une cité scolaire comme celle du Parc Impérial par exemple. Car sinon, sur quel critère sélectionner les jeunes qui passeraient par le portique et les autres?
-les résultats scolaires?
-les antécédents familiaux?
-l'adresse?
-la religion, l'ethnie?
On voit bien que ce n'est pas évident, c'est le moins que l'on puisse dire.
Sans compter l'ambiance dans les établissements, le regard des jeunes sur leurs camarades fouillés, la quasi-totalité des fois à tort, la suspiscion qui peut se répandre...une ambiance vraiment détestable qui ne facilitera pas l'épanouissement des jeunes et ne facilitera guère leur scolarité.
Ce n'est pas de cette école là que je rève pour mes enfants, bientôt pour mes petits enfants. L'école a toujours été un lieu sanctuarisé, le symbôle de la République par excellence, le creuset de l'intégration, de la laïcité. Dans les cours je veux voir des enseignants, des assistants d'éducation, des "pions", pas des uniformes, des brigades spécialisées. Nos enfants ont au moins droit au même niveau d'éducation que nous.
La première image de la République qu'ils doivent voir c'est l'enseignant, pas le policier. Sinon, comment apprendront ils à aimer cette République et ces valeurs pour mieux savoir la défendre demain!