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Le blog de Patrick Allemand
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27 mai 2006

Indigènes et Jamel Debbouze

indigenes1

Je n'ai pas l'habitude de faire des chroniques de film et rassurez vous je ne la prendrai pas... Je laisse ça à ceux qui savent faire! Mais pour moi "Indigènes" est plus qu'un film. Rachid Bouchareb a réussi un film plein de dignité qui nous rappelle que la nation a volontairement trop longtemps passé sous silence le rôle qu'ont eu les 130 000 tirailleurs d'Afrique noire et du Maghreb pendant la seconde guerre mondiale. Ils ont pourtant toute leur place dans la liberté qui est la nôtre aujourd'hui. C'est une séquence de notre histoire trop méconnue qui a le mérite d'être réhabilitée à travers ce film plein de tact qui ne peut qu'interpeler.

Il interpelle bien sur la gauche qui n'a pas été à la hauteur de cette question lors des trois législatures où nous avons eu le pouvoir (1981-1986, 1988-1993, et 1997-2002). L'Etat français a été condamné à indemniser les tirailleurs et à leur règler les arriérés des sommes dues. Mais si l'Etat n'applique pas une décision de justice, comment alors le citoyen peut-il encore croire en la justice?

Il interpelle aussi la droite qui s'agace et qui se demande combien de temps va t'on leur faire des leçons d'histoire. Mais au moment où se pose la question de mettre au programme d'histoire, l'histoire des religions et j'y suis favorable, je pense que tout ceux qui, venant des colonies pour défendre notre sol y ont laissé leur vie méritent aussi que leur sacrifice soit enseigné et pas de manière marginale.

Mais ce film révèle aussi un homme, Djamel Debbouze. Bien sur il est populaire et nous sommes nombreux à aimer l'humoriste. Mais dans "Indigènes", dans un registre totalement inattendu pour lui, il se révèle être un grand acteur. Son personnage, Saïd, est plein d'humanité sans tomber pour autant dans le registre de la sensiblerie.

Son geste, le geste de toute l'équipe du film, d'associer plusieurs vétérans tirailleurs à la montée des marche et de leur faire rendre hommage par tous les festivaliers était très fort et fera date dans la déja longue histoire du festival de Cannes.

Ce dernier fait est à mettre en perspective avec ses dernières prises de position.

Au moment de la crise des banlieues en novembre dernier, il n'a pas été pour rien, par ces déclarations, dans le fait que la situation soit restée sous contrôle à un moment où tout pouvait basculer. Il a été aussi l'un des éléments les plus déterminants dans l'efficacité de l'appel à s'inscrire sur les listes éléctorales de la fin de l'année 2005.

C'est lors d'une émission TV avec lui que Ségolène Royal a décidé de dévoiler un peu plus ses intentions. Or la maitrise est une des qualités que tout le monde reconnait à Ségolène. Ce moment a donc été choisi.

Enfin c'est encore lui qui récemment s'en est pris violemment à Nicolas Sarkozy à propos de la loi sur l'immigration, le qualifiant "d'homme prêt à tout".

Au-delà de l'humoriste, Djamel Debbouze est en train de devenir un homme qui compte. Coluche en son temps savait aussi prendre position sur des questions de société. 20 après sa mort, "les restos du coeur" continuent chaque hiver leur campagne.

A se demander finalement si pour arriver à faire rire de la vie, il ne faut pas soi-même bien la connaitre.

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